Les matériaux

«  tout comme le Christ fait jaillir de son coté blessé l’eau et le sang salvateur, l’arbre fait de même en produisant la résine, cette gomme couleur or, qui restaure, purifie et guérit. »

 

L’argile marine des Moutiers

Quelle incroyable rencontre insoupçonnée avec ce matériau ! Je l’appelle l’or « bleue », c’est vraiment sa couleur.
L’argile constitue l’essentiel de mes besoins. Je vais la récolter dans les étiers à Bouin. Les étiers sont des canaux qui sillonnent le territoire et permettent l’acheminement de l’eau au fil des marées. Je creuse un peu pour trouver les meilleurs morceaux qui ont la texture du beurre et qui contiennent principalement de l’argile et peu de sable. Cette argile est très bonne pour le corps. Elle est utilisée en soin du corps dans les centres de thalassothérapie.

Les vernis

Mon approche artistique c’est d’être indépendant dans l’approvisionnement des matériaux et surtout d’avoir la nature comme unique source d’inspiration. A cet égard, j’ai cherché pendant plusieurs mois, un vernis naturel pour protéger mes sculptures pour qu’elle puisse durer dans le temps. Là encore, je voulais trouver une ressource accessible, disponible régulièrement en quantité suffisante. C’est incroyable tout ce que nous prodigue notre Dieu créateur ! Tout est donné dans la nature ; il suffit d’avoir de la patience (je n’en n’ai pas assez !) et être curieux et observateur. C’est là que je me suis intéressé à la résine de pin. 

Autrefois dans les landes, la résine était récoltée par les gemmeurs pour les chantiers navals, pour l’industrie cosmétique etc. Elle a énormément de propriétés bénéfiques. Elle est antiseptique, antibactérienne. Elle se trouve dans les incrustations des parties blessées de l’arbre. Elle aide l’arbre a cicatriser de ses plaies. La résine que j’utilise, je la récolte sur le tronc des arbres en forêt. Quand j’en vois, je suis comme un enfant qui tombe sur son trésor caché. La résine est très collante, je la récolte avec des gants. Son odeur est plaisante. Quand je repars avec ma petite boite plastique remplie de résine, j’ai l’impression de revenir à la maison avec un butin d’une grande valeur à mes yeux. Les cristaux jaunes lui donnent l’apparence de l’or. Chauffée et mélangée avec de l’huile de lin, elle vernit et protège les sculptures.

La fibre

Elle est essentielle pour réaliser mes sculptures. Sans cela elles ne tiendraient pas. J’utilise des végétaux secs, semi rigides et assez épais pour l’armature ou l’ossature; l’osier et notamment la guimauve ou la laitue sauvage.  J’ajoute du foin ou des hautes herbes. Je les forme en rouleaux avec l’argile pour former le squelette. Puis je récolte et sélectionne soigneusement de l’herbe « douce » très tendre, fraiche et gorgée d’eau pour la finition des muscles et des vêtements. Je la stocke, la laisse fermenter dans des sacs hermétiques. Elle devient encore plus souple. Le jus issu de cette fermentation vient renforcer et donner une belle couleur tuilée à la sculpture.

La gommose

C’est une sorte de gomme visqueuse sécrétée par certains arbres en souffrance comme les cerisiers. Pour panser leurs plaies et les désinfecter, ces arbres génèrent cette gomme pour se protéger. Je la récupère et la garde dans l’eau pour ne pas qu’elle sèche.

Suite à de nombreux essais, je m’aperçois que cette gomme, mélangée à la fibre et l’argile, les solidifie. La gommose peut même servir de vernis naturel sur certaines sculptures.